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Cahiers noirs (en allemand, Schwarze Hefte) est le titre (choisi par l'auteur lui-même) que portent les carnets privés de Martin Heidegger, dont la publication a commencé en 2014. Selon leur éditeur, ces textes ne sont pas des remarques privées ou des brouillons, mais des « écrits philosophiques élaborés »[1]. En ce sens, précise Peter Trawny, « le manuscrit ne se présente nulle part comme un journal ou un journal de pensée[2], mais partout comme la mise au jour de la pensée la plus propre »[3].

Les Cahiers noirs font l'objet des tomes 94 à 102 de l'édition complète (GA) des œuvres de Heidegger. Ils correspondent à 34 carnets écrits entre 1931 et 1975. Les 14 premiers ont été publiés (tomes 94 à 96 de la GA) sous le titre collectif Réflexions (Überlegungen) et couvrent la période entre 1931 et 1941[4]. Les 20 autres, en cours de publication et qui constitueront les tomes 97 à 102 de la GA, se décomposent en 9 carnets collectivement intitulés Observations (Anmerkungen), dont une partie (tome 97 de la GA) a été publiée en 2015[5],[6], 4 carnets collectivement intitulés Quatre Carnets (Vier Hefte), 2 carnets collectivement intitulés Vigilae, un carnet intitulé Nocturne (Notturno), deux carnets intitulés Indices (Winkle) et 4 intitulés Préliminaires (Vorläufiges)[7],[8]. Deux carnets retrouvés postérieurement, Megiston et Paroles fondamentales (Grundworte) ne feront pas partie de la GA[9].

Le début de la publication en 2014 des Cahiers noirs de Heidegger a apporté un nouvel éclairage sur l'antisémitisme de Heidegger et sa relation au nazisme.

Leur éditeur, Peter Trawny, leur a consacré un livre, traduit en français sous le titre Heidegger et l'antisémitisme: Sur les « Cahiers noirs » qui a suscité une polémique[10]. Dans les Cahiers noirs, le judaïsme (Judentum)[11] est à plusieurs reprises caractérisé par un « don particulièrement accentué pour le calcul »[12], une figure que Trawny rapproche de celle du Juif marchandeur (Schacherjude)[13]. Les Cahiers noirs caractérisent également le judaïsme à partir de l'absence de sol (Bodenlosigkeit)[14], Heidegger évoquant la forme « peut-être la plus ancienne » du gigantesque (Riesigen)[15] que serait « l'aptitude tenace pour le calcul, le trafic et la confusion sur lesquels l'absence de monde de la judéité est fondée »[16]. Trawny considère cette analyse comme « un type d'antisémitisme » auquel Heidegger donne « une interprétation philosophique épouvantablement poussée », le Juif apparaissant comme « le sujet calculant, dépourvu de monde, dominé par la « machination »[17].

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